Préambule : le défi de la régénération écologique

Comprendre, coopérer, réparer

2048.

Le climat s’est stabilisé. Les températures ont augmenté de 2 degrés depuis l’ère industrielle en France, de 1,9 degré dans les Pays de la Loire. Le niveau des rivières et de la Loire a baissé, mais 90% des cours d’eau sont en bon état éco- logique. Nous y puisons le strict nécessaire, pour l’eau potable, les cultures, l’industrie. Nous nous baignons dans l’Erdre, rivière autrefois célébrée par François 1er. Dans les campagnes, les haies quadrillent le paysage. Le sorgho a remplacé le maïs. L’agriculture de conservation et régénératrice est la norme. Les forêts souffrent, mais les programmes de plantation et d’évolution assistée1 des années 2020, portent leurs fruits. Les essences méditerra- néennes foisonnent. La biodiversité et la qualité des sols sont restaurées.

La santé des habitants s’est améliorée

Dans les villes et villages, les cours d’école et les places ont été végétalisées. Elles climatisent tous les quartiers de la ville, centraux comme périphé- riques, et offrent un havre aux populations fragiles, pendant les canicules. Les EHPAD et les casernes les ont imitées. Les constructions sur pilotis libèrent les sols et offrent un habitat accessible, dans des villes moyennes attractives. Sur la côte atlantique, elles permettent de faire face aux submersions régulières. En dépit des aléas climatiques, parfois éprouvants, la santé des habitants s’est améliorée.

Comprendre
Coopérer
Réparer

Des emplois par milliers ont été crées ou transformés, d’autres ont disparu

Le plan de régénération écologique des zones d’activités est un succès. Les usines se construisent en hauteur et s’inspirent du fonctionnement de la forêt. Elles rendent davantage à la nature qu’elles ne lui empruntent. Les activités ont été repensées. L’économie fonctionne dans des boucles courtes, aux échelles européenne, hexagonale et régionale. Les entreprises s’impliquent dans la gestion collaborative des « communs », comme les ressources naturelles. Des emplois ont été transformés ou créés par milliers. D’autres, liés aux énergies fossiles, ont presque disparu.
Le climat et le vivant sont au cœur de nos décisions. Aucun projet n’est lancé sans évaluation préalable : climat, biodiversité, ressources, inclusion et emploi. À la propriété d’un bien, nous lui préférons le service attaché. L’économie de la fonctionnalité est la norme. Les métiers de la maintenance et de la réparation ont explosé. Les modèles d’affaires qualitatifs sont privilégiés aux modèles quantitatifs, trop dépendants de sources d’approvisionnement en tension. Quand elles le peuvent, les entreprises développent des modèles régénératifs, précautionneux du vivant. Du plus jeune âge aux fonctions de direction, la compréhension de ce que nous devons à la nature et aux services écosystémiques est acquise. Elle influence notre manière de vivre, de travailler, de gouverner.

L’économie dépend de la santé des écosystèmes

Revenons à nos années 2020, une génération en arrière. Les acteurs économiques parlent pudique- ment de transition, quand les crises successives – Covid, tensions d’approvisionnement, énergie, eau, réfugiés – annoncent plutôt une mutation sans précédent. La crise de l’eau illustre ce fait. Elle surprend par sa soudaineté, quand les racines sont profondes et lointaines.
La genèse du projet Regenerate tient à ce constat: nous faisons encore insuffisamment le lien entre la science écologique et nos activités économiques. Pourtant, un rapport du ministère de l’écologie chiffre à au moins 80% la part de l’emploi qui dépend de la biodiversité, directement ou indirectement. De même, l’économiste Robert Costanza estime que la valeur des services que nous retirons de la nature est très supérieure au PIB.
Or, nos écosystèmes sont à la dérive. La perte de biodiversité dans notre région, comme ailleurs, se fait à un rythme inédit. « Les pertes de services écosystémiques qui résultent de cet effondrement et les transformations socio-économiques pour y répondre pourraient engendrer des risques économiques et financiers importants », avertit elle-même la Banque de France dans une étude consacrée au sujet.

Qui seront les gagnants, qui seront les perdants ?

Pour produire ce Livre blanc, nous avons mené des entretiens auprès du monde scientifique, économique, associatif, entrepreneurial, des Pays de la Loire et d’ailleurs. Nous avons compilé des dizaines de rapports et études, pour analyser ce qui se joue à la croisée des écosystèmes naturels et de l’économie territoriale et pour en partager la compréhension.
Ce que nous comprenons, c’est que nous ne sommes pas prêts. La culture scientifique des acteurs économiques doit être développée : sur ces sujets nous avons besoin d’une langue commune. Les scénarios d’adaptation du territoire, de ses infrastructures et activités économiques doivent être discutés. Quand les scenarii envisagent une France à + 4°C à la fin du siècle, qu’en est-il pour notre région ? Qui seront les gagnants, les perdants ? Quelles mutations pour l’emploi ? Qui aura prioritairement accès aux métaux stratégiques ? À l’eau ? Quelle priorité pour les sols fertiles ? Quels modèles agricoles privilégier ? Comment aider la forêt à s’adapter ? Quelles activités développer ? Auxquelles faudra-t-il renoncer ?

Un Livre blanc, une coalition, un studio de projets de régénération

Ces questions difficiles ne sont pas priorisées. Le long terme, celui de la nature et de nos infrastructures, techniques, naturelles et sociales, n’est pas intégré dans nos réflexions. Pourtant, ces questions parlent de notre avenir, de notre capacité à surmonter les chocs. Fait intéressant, la plupart de nos interlocuteurs nous ont ouvert grand les portes pour discuter de la résilience du territoire, preuve que le sujet intéresse. C’est ainsi que plusieurs acteurs du territoire ont souhaité rejoindre la démarche Regenerate.
Ce Livre blanc est le fruit de cette coopération. Il en appelle d’autres. Dans un premier temps, nous allons diffuser le résultat de nos travaux, pour contribuer humblement à forger une langue commune de la résilience écologique et économique. Votre aide est la bienvenue.
Dans un second temps, le programme Regenerate prévoit de s’organiser en coalition afin d’identifier des défis de résilience, portés par un studio territorial de projets régénératifs. Des projets démonstrateurs seront conçus et lancés de manière ouverte, transparente et collaborative. Ils tenteront de réconcilier la science, l’esprit entrepreneurial et l’intérêt général… une gageure.
Ce Livre blanc constitue l’étape préalable à ce studio de territoire. Nous vous en souhaitons une bonne lecture et espérons que ce travail – forcément incomplet et améliorable – contribuera à faire émerger de nombreux démonstrateurs d’économie régénérative. Ici et ailleurs.

Pascale Guiffant, Walter Bouvais, Marine Laurent, pour l’équipe Open Lande.

Action !

Sommaire du Livre Blanc

  • Préambule
  • Résumé à l’attention des gens pressés
  • Chapitre 1 : là où nous vivons
  • Chapitre 2:  ce que nous faisons
  • Chapitre 3 : celles et ceux qui inventent
  • Chapitre 4 : les défis de la régénération
  • Compléments à la version papier
  • Références méthodologiques
  • Remerciements aux partenaires
  • Liste des personnes interviewées
  • Glossaire
  • Notes bibliographiques

Aller plus loin avec le programme Regenerate

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