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Chapitre 4 : Les défis de la régénération

11 défis à relever, sous la forme de projets démonstrateurs d’une économie régénérative.
14 recommandations pour un territoire tourné vers le vivant et la régénération

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Les défis de la régénération

En France ou ailleurs, des initiatives concrètes ont mis le vivant au centre de leur raison d’être. Certaines visent la réduction très forte de l’empreinte écologique des activités humaines. D’autres ciblent le retour à l’état initial d’un écosystème. D’autres encore, très ambitieuses, veulent apporter un impact net positif et mesurable. En s’inspirant de ces initiatives, nous avons imaginé plusieurs projets démonstrateurs à lancer dans notre région. Ces démonstrateurs peuvent être conçus et portés en coalition. Ils placent eux aussi le vivant au cœur de leur démarche, avec l’objectif de contribuer directement ou indirectement à la résilience de notre territoire. Ce chapitre présente ces défis, et avance plusieurs propositions pour contribuer à faire des Pays de la Loire, un jour, un territoire résilient et régénératif.

• Cartographier le potentiel de revégétalisation de la région
• Se baigner dans l’Erdre en 2035
• Proposer un service de consigne unique
• Renaturer 50% du foncier d’entreprise disponible
• Lancer la renaturation de 5 zones d’activité économique dans chaque département d’ici à 2024
• Développer une production de fleurs locales coupées, en valorisant des friches urbaines
• Développer la production et l’utilisation de Biochar
• Créer un démonstrateur d’habitat surélevé (pilotis) ou sur barge
• Valoriser les coproduits de la conchyliculture

Un studio, 11 projets et des emplois au service des communs

Département de Seine Saint-Denis.
L’association Halage propose depuis plusieurs années, un parcours de réinsertion à des personnes éloignées de l’emploi. Singularité: celles-ci travaillent à la culture de fleurs endémiques, sélectionnées pour leur capacité à dépolluer les sols. Une fois coupées, ces fleurs sont vendues auprès de réseaux de fleuristes régionaux. Impact humain, régénération des sols, circuit court et travail sur le beau… Fleurs d’Halage cible les friches urbaines dégradées. Le projet se déploie désormais sur trois sites. Il est réplicable.

Copenhague, Paris, Melbourne. Dans de grandes villes, la reconquête écologique des cours d’eau dégradés est lancée. À Paris – dans le bassin de la Villette et peut-être bientôt dans la Seine -, on se baigne ou on projette de le faire à l’occasion des Jeux olympiques. À Melbourne, ville édifiée sur le cours du fleuve Yarra (Birrarung), les acteurs du territoires se coalisent pour par- venir à plonger d’ici à 2030. Anecdotique ? Retrouver la qualité écologique d’un cours d’eau nécessite de mettre en musique un grand nombre de parties prenantes. Dans certains cas, des agriculteurs, des entreprises de services récréatifs, des habitants, des collectivités… La démarche est ambitieuse, mais réplicable. Alors, pourquoi ne pas tenter l’aventure dans la région des Pays de la Loire… en commençant avec la rivière de l’Erdre, qui traverse deux départements avant de se jeter dans la Loire ?

Activer les potentialités du territoire

Dans notre région – comme partout – une multitude de zones d’activités sont constituées de boîtes métalliques posées les unes à côté des autres, sur des terrains artificialisés, aménagés en parkings parfois inoccupés. On peut y voir un problème, celui de l’imperméabilisation des sols. On peut aussi y voir le potentiel de recréer des continuités écologiques, si les occupants de ces lieux se coalisent pour débitumer, replanter, renaturer.

Circuit local de la fleur, restauration des cours d’eau, régénération écologique des zones d’activités… Les potentiels de développement de projets territoriaux au service du vivant semblent infinis. Il manque, en fait, peu de choses, pour les activer et embarquer une région comme celle des Pays de la Loire dans une trajectoire régénérative. C’est l’ambition que se donne le programme Regenerate. Le présent Livre blanc en constitue la première étape. Place, désormais, à la diffusion de ce travail et, surtout, à l’activation de projets concrets.

Créer des espaces de dialogue sur l’avenir de notre territoire

Dans cet objectif, une méthode inspirée de la théorie du U est proposée, en plusieurs étapes. La première est celle de la prise de conscience, celle à laquelle participe ce Livre blanc. Porter à connaissance des acteurs – publics et privés – l’état des écosystèmes dont ils dépendent, les amène à s’interroger sur les impacts de leurs activités. Cette introspection est inconfortable. Elle questionne les certitudes. Pour être fertile, cette introspection nécessite d’être nourrie de travaux robustes et prospectifs – à l’image des scénarios de l’ADEME pour la neutralité carbone en 2050.

Cette introspection nécessite également des espaces de dialogue inclusifs et sécurisés. Les « gagnants » de la transition peuvent y échanger avec les « perdants ». Ces espaces sont encore à créer. Ils sont essentiels pour doter les acteurs économiques d’une langue commune, au carre- four de l’économie, de l’emploi et de l’écologie. La bonne nouvelle, c’est que de plus en plus d’acteurs sont demandeurs de ces espaces. Le succès récent de la CEC et du Grand défi l’illustrent. Les réseaux professionnels, de plus en plus réceptifs aux enjeux écologiques, se mobilisent égale- ment, à l’instar du collectif des Dirigeants responsables et de l’association Ruptur.

11 projets démonstrateurs, au service des communs

Avec d’autres, le programme Regenerate peut donc alimenter ces espaces de dialogue, nourrir l’introspection et faciliter la phase de cristallisation. Au cours de celle-ci, les acteurs questionnent leur raison d’être, celle de leur collectif et (re)travaillent leur vision et leurs contributions pour un avenir en commun.
Vient alors la phase tant attendue de la concrétisation, celle du prototypage de projets. Une première réussite, puis une seconde… Le déploiement est alors envisageable. Dotés d’une stratégie open source, les projets peuvent maximiser leur impact sur un territoire et « faire des petits », dans d’autres lieux.

Précisément, ce Livre blanc propose de relever plusieurs défis. 11 d’entre eux ont été identifiés. Pour les relever, nous proposons la réalisation d’autant de démonstrateurs de territoire. Nous vous invitons à les découvrir dans notre Matrice de projets régénératifs . Ces projets démonstrateurs présentent l’avantage de pouvoir être mis en œuvre rapidement, même si certains apparaissent plus complexes que d’autres.

Une coalition et un Studio de projets démonstrateurs

Ces démonstrateurs auront pour objectif de relever des défis de résilience du territoire et d’adaptation au changement climatique. Ils intégreront la préservation du vivant, sa restauration, voire sa régénération. Ils seront portés par une coalition d’acteurs privés et publics, rassemblés autour d’un studio de projets régénératifs.

Avant d’être lancés, ces projets nécessiteront un travail sur leur raison d’être : en quoi ce projet contribue-t-il à l’intérêt général ? S’inscrit-il dans les limites planétaires ? Ses objectifs sont-ils partagés avec ses parties prenantes ? Un travail sera également mené sur la création et la répartition de la valeur associée aux pro- jets retenus : valeurs économique, social, écologique. Le design des projets intégrera les enjeux de sobriété, de circularité, de fonctionnalité. L’empreinte carbone sera réduite au strict nécessaire. Une grande attention sera portée à la biodiversité.

14 propositions pour une région régénérative

Les projets portés par ce studio seront cadrés par une approche scientifique et s’inscriront dans le temps long des écosystèmes… Ils nécessiteront du temps et de l’attention. La coalition qui les portera réunira – et réunit déjà – des acteurs qui acceptent de prendre ce temps. Cette coalition fera l’objet elle-même d’un important travail d’animation.

En définitive, ces projets démonstrateurs – et la coalition d’acteurs privés et publics qui les portera – ont vocation à inspirer une économie régionale tournée vers le vivant. Par ricochet, ils constitueront autant d’appels à renoncer aux activités qui mènent à une impasse, notamment les activités liées aux fossiles. Cette première liste de projets est complétée par 14 propositions pour aider à faire des Pays de la Loire un territoire régénératif.

Avec ce Livre blanc, le pari est fait que les acteurs économiques sont prêts à s’investir dans la gestion des communs de leur territoire.

Matrice de projets régénératifs de territoire

Propositions pour un territoire tourné vers le vivant et la régénération

Soutien aux écosystèmes

1 – Intégrer la connaissance de la qualité des sols dans toutes les politiques d’urbanisme
Un sol est difficilement renouvelable à l’échelle du temps humain. Préserver les plus qualitatifs d’entre eux est stratégique

2 – Préserver et développer les puits de carbone régionaux
Ces derniers sont mis à rude épreuve par les conséquences du changement climatique et par les activités humaines. Au menu : renaturation de zones humides, marais, plantation de haies, végétalisation, etc.

3 – Favoriser l’absorption de l’eau par les sols
Lancer un défi collectif de désimperméabilisation en zones urbaines (entreprises, particuliers, administrations).En zones rurales, soutenir les pratiques agricoles régénératrices.

4- Créer un observatoire régional de la biodiversité et des services écosystémiques
Au-delà des causes de l’effondrement du vivant, mieux comprendre les réponses à apporter.

Transformation des activités économiques

5- Préparer et acter le renoncement des activités qui vont à l’encontre des transitions écologiques
Mobiliser les acteurs économiques sur les enjeux régionaux liés aux limites planétaires (ex. énergies fossiles).
Au-delà des causes de l’effondrement du vivant, mieux comprendre les réponses à apporter.

6 – Identifier les impacts de la transition écologique sur l’emploi et communiquer à leur sujet
Réunir les filières gagnantes et perdantes et définir ensemble les conditions d’une mutation réussie.

7- Mobiliser la filière agroalimentaire pour soutenir les acteurs de l’agriculture régénératrice
De par son poids dans l’économie régionale, l’industrie agroalimentaire peut accompagner le développement des modèles agricoles écologiques.

8- Créer un observatoire sur la transition écologique effective des acteurs économiques
Piloté par les réseaux économiques, avec pour objectif d’évaluer la maturité des acteurs et de favoriser prise de conscience et passage à l’action.

9- Coaliser les acteurs économiques autour de la résilience régionale
Les aider à devenir acteurs de projets de régénération écologique du territoire, au-delà de la transformation de leur chaîne de valeur.

Passage à l’échelle des activités émergentes

10 – Mettre en place un outil régional de financement de la régénération écologique
Pour financer dans leur phase de prototypage, des projets démonstrateurs et coopératifs, tournés vers la résilience territoriale.

11 – Encourager les expériences de triple comptabilité
Dans les entreprises et les organisations, aider à compter ce qui compte et à mieux prendre en compte les services écosystémiques

12 – Former et inciter les acteurs économiques à s’approprier et s’appliquer l’objectif de Zéro artificialisation nette (ZAN). Densification de l’existant et veille sur les friches économiques.

13 – Conditionner la commande et les aides publiques à des pré-requis écologiques
Formation des dirigeants, des équipes, réalisation d’un bilan carbone, intégration de l’économie circulaire, analyse des dépendances et impacts sur la biodiversité

14 – Favoriser l’expansion du marché du réemploi
Matériaux du bâtiment et de toutes les activités industrielles fortement consommatrices de matière.