L’adaptation au changement climatique : enjeu stratégique pour les entreprises

Regard d'expert

Les entreprises doivent anticiper les risques climatiques pour sécuriser leur chaîne de valeur et éviter des perturbations coûteuses. Les exemples se multiplient, de chaînes de valeur fragilisées ou mise à l’arrêt suite à des aléas climatiques. Pour une entreprise, s’adapter peut cependant être source d’opportunités.

30 juin 2024, canton du Valais, en Suisse. Une crue spectaculaire du Rhône submerge une zone industrielle. Les chaînes de production des entreprises de Constellium et Novelis, deux producteurs d’acier européens, baignent dans 2 mètres d’eau. Plus de 1000 salariés sont affectés. L’usine Novellis est démontée, remise en état et remontée pièce par pièce. Elle redémarre seulement trois mois plus tard. L’entreprise Porsche est cliente de Novellis : la chaîne de production du constructeur automobile se retrouve à l’arrêt, avec une chute de production de 17 400 véhicules sur l’année 2024 et un coût chiffré en centaine de millions, voire en milliards d’euros.

Pendant l’été 2022, un autre scénario se dessine sur le Rhin, cette fois. La sécheresse qui sévit en Allemagne fait baisser le niveau du fleuve. Or ce dernier est une artère économique. Au total, Rhin compris, 4% du fret industriel emprunte la voie maritime en Allemagne. Conséquence : les temps et les prix de transport s’allongent, l’approvisionnement de certaines industries est directement menacé.

L’adaptation, enjeu incontournable pour les PME, les ETI, les groupes

Les événements climatiques extrêmes, tels que les inondations, les vagues de chaleur ou les sécheresses, se multiplient à travers le monde, perturbant les chaînes de valeur des entreprises. L’impact du changement climatique est déjà palpable dans plusieurs secteurs clés, notamment l’automobile, l’agroalimentaire, et l’industrie technologique.

L’impact des événements climatiques est loin d’être limité à un seul secteur. Selon un rapport de l’OCDE, les pertes économiques liées aux catastrophes naturelles pourraient atteindre 1 000 milliards de dollars par an d’ici à 2030, touchant non seulement les infrastructures mais également la productivité des entreprises, les chaînes d’approvisionnement, et la compétitivité sur le long terme.

Par ailleurs, d’après l’ADEME, 36 % des travailleurs français sont déjà exposés à des températures extrêmes sur leur lieu de travail. Avec le réchauffement climatique, ce chiffre pourrait doubler d’ici 2030, compromettant le bien-être et la productivité des employés dans des secteurs sensibles comme l’agriculture, la construction et le transport.

Zone industrielle submergée par la crue du Rhône

Stratégies concrètes pour renforcer la résilience

Pour minimiser ces risques, les dirigeants doivent intégrer la résilience climatique dans leur stratégie globale.

Une contrainte nouvelle ? Probablement, à l’image d’un monde qui change : refuser l’évidence du changement climatique peut finir par coûter très cher à une entreprise.

Une manière, plus constructive, consiste à aborder l’adaptation sous l’angle des opportunités :

  • assurer la pérennité de son activité
  • dans certains cas, atout économique, une stratégie d’adaptation pouvant permettre de réduire ses primes d’assurance
  • anticiper la réglementation (CSRD, voir ci-dessous)
  • répondre aux attentes des parties prenantes
  • accéder à des financements
  • se démarquer de la concurrence
  • travailler sa marque employeur

Le cadre réglementaire et ses implications

Les entreprises ne peuvent plus ignorer les obligations réglementaires croissantes. Le cadre européen CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) impose aux grandes entreprises de divulguer leurs risques climatiques et d’adapter leur stratégie pour répondre aux exigences de durabilité. La CSRD s’appliquera à partir de 2024 pour les entreprises déjà couvertes par la NFRD, et à partir de 2025 pour celles qui remplissent au moins deux des critères suivants : 250 employés, 50 M€ de chiffre d’affaires, ou 25 M€ de bilan total​.

Cette directive encourage les entreprises à adopter une vision à long terme de leur performance environnementale, intégrant à la fois les risques physiques (inondations, sécheresses) et les risques de transition (réglementations, attentes des investisseurs). Pour les entreprises non conformes, les conséquences pourraient inclure des sanctions financières et une perte d’accès à certains marchés.

À retenir

L’adaptation au changement climatique n’est pas une option, mais une nécessité stratégique. Les entreprises ont tot intérêt à :

  • évaluer leur exposition aux risques climatiques.
  • intégrer la résilience dans la stratégie globale.
  • former des partenariats pour renforcer la robustesse de leur chaîne de valeur.

2.15.0.0

 

Retour au blog