La COP26 de Glasgow a accouché d’un texte qui propose de réelles avancées. Mais il demeure insuffisant pour contenir le réchauffement planétaire dans la limite des 1,5 degrés posée par les scientifiques du GIEC. Open Lande vous aide à comprendre les points essentiels du Pacte de Glasgow sur le climat.
COP26 de Glasgow : bilan en demi-teinte
Pour comprendre le Pacte de Glasgow sur le climat, il faut plonger dans 97 articles en langue très policée. À l’analyse, on y trouve des avancées, des renoncements… C’est le lot des grands raouts internationaux, puisqu’il s’agit de mettre d’accord 196 États.
L’écart entre le « Pacte de Glasgow » – que vous pouvez consulter ici – et notre réalité peut se lire à 3 niveaux :
- les scientifiques du GIEC exhortent les États à tenir l’objectif de ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement planétaire. Cela implique une réduction de 45% des émissions de gaz à effet de serre mondiales en 2030, par rapport à 2010
- les États disent vouloir jouer le jeu et rappellent cet objectif dans le Pacte de Glasgow…
- …pourtant, tous les États n’ont pas fourni leur feuille de route pour 2030. Lorsque l’organisme Carbon Action Tracker fait le compte, nous sommes plus près d’un réchauffement de 2,4°C, catastrophique pour les écosystèmes et pour l’humanité
La plupart des États sont encore loin du compte pour contenir le réchauffement planétaire
Par conséquent, la COP26 de Glasgow peut donc être vue, sans surprise, comme un verre (une pinte ?) à la fois à moitié plein et à moitié vide.
Comme l’explique cette visualisation du Guardian, la COP26 a cependant permis de faire avancer significativement les États sur le chemin (théorique) d’une action climatique sérieuse.
Six ans après la signature de l’Accord de Paris, le Pacte de Glasgow propose néanmoins quelques avancées majeures
Pour autant, tout n’est pas à jeter. Voici quelques-unes des avancées proposées par le texte :
👉 objectif de réduction des émissions de Gaz à effet de serre (GES ). Les articles 20 à 22 reconnaissent la limite de 1,5°C. Et ils appellent à une réduction de 45% (en 2030) de ces émissions par rapport au niveau de 2010
Ainsi, le Pacte de Glasgow :
Réaffirme l’objectif de l’Accord de Paris de maintenir l’élévation des températures globales nettement en deçà de 2°C par rapport aux niveaux de l’ère pré-industrielle et de poursuivre l’effort de limitation de l’élévation de température à 1,5°C au-dessus des niveaux de l’ère pré-industrielle
Reconnaît que les effets du changement climatique seront significativement inférieurs dans le cas d’une élévation de la température à 1,5°C, en comparaison avec une élévation de 2°C et s’engage à poursuivre les efforts pour limiter cette augmentation à 1,5°C
Reconnaît que limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C nécessite une réduction rapide, profonde et soutenue des émissions de gaz à effet de serre, incluant une réduction des émissions globale de dioxyde de carbone de 45% en 2030 par rapport aux niveaux de 2010
(articles 20 à 22 du Pacte de Glasgow)
Le texte rappelle la nécessaire contribution financière des pays les plus riches à l’adaptation des plus défavorisés. Ces derniers sont souvent déjà impactés par les changement climatiques (article 18).
Il demande également aux États de fournir au plus tard à la fin 2022 des feuilles de route nationales (NDC) compatibles avec l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2030 (article 29). Ces feuilles de route devront désormais être mises à jour annuellement et non tous les 5 ans (article 30). En effet, l’atteinte de l’objectif 2030 nécessite une mobilisation immédiate, sans d’ailleurs attendre la prochaine COP27 (Égypte).
Le charbon, enfin désigné comme problématique
L’article 36 est capital et, d’une certaine manière inédit. Il aborde la question du charbon. C’est la première fois qu’un accord international évoque, trop timidement encore, la sortie de cette énergie. Celle-ci est lourdement responsable des émissions de gaz à effet de serre (on n’oublie pas pour autant le pétrole et le gaz). La question des subventions « inefficaces » aux énergies fossiles est également mentionnée.
À ce sujet, Fatih Birol, le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), cité par The Guardian, estime qu’il faudrait fermer d’ici à 2030 40% des centrales à charbon recensées dans le monde. Il en existe 8500. Cela donne une idée du défi qui consiste à passer d’un traité international à la transcription dans la loi puis dans la réalité économique et sociale… Sur ce point, estime Faith Birol, la balle est avant tout dans le camp des économies les plus riches.
Le rôle central de la biodiversité
Enfin, un point qui compte beaucoup pour nous, puisqu’il est un des fondements de l’économie régénérative : l’article 38 souligne la nécessité de protéger, conserver et restaurer les écosystèmes naturels pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris. L’enjeu de la biodiversité est inclus dans un texte climat.
Pour finir, l’article 86 demande aux chefs d’États de se réunir en 2023 pour la COP28. Et ce, afin de faire le point sur l’ambition de réduction des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030.
En résumé, ce qui figure dans le texte de Glasgow sera tôt ou tard traduit dans nos vies :
– peu ou plus d’énergies fossiles, pour mener la décarbonation massive de notre économie
– l’arrêt de la déforestation et la restauration des écosystèmes naturels pour avoir une chance de relever le défi climatique
Satisfaction ? Déception ? Pour comprendre la portée du Pacte de Glasgow pour le climat, on peut considérer que ce qui ne figure pas suffisamment fermemendans le texte, a, quoiqu’il en soit, gagné en légitimité. Les États et les acteurs économiques s’exposent de plus en plus aux actions de la société civile. Celle-ci aura beau jeu de brandir les sujets insuffisamment traités où sur lesquels se multiplient les tentatives de greenwashing. Voilà qui devrait mettre un peu plus la pression sur les projets du « vieux monde ».
Vous pouvez déjà étudier vos activités et vous demander à quel niveau celles-ci seront impactées demain, pour vous préparer dès maintenant. L’heure est à rejoindre celles et ceux qui cherchent des solutions, plutôt qu’à hausser les épaules ou procrastiner.