Les collectivités locales jouent un rôle central dans l’adaptation au changement climatique. Que ce soit pour prévenir les vagues de chaleur, les inondations ou les crises hydriques, les infrastructures et les services publics doivent s’adapter rapidement.
Les territoires et collectivités locales sont les premières à ressentir les impacts du changement climatique. Selon le PNACC 2 (Plan National d’Adaptation au Changement Climatique), d’ici à 2030, 55 % des écoles maternelles françaises – soit 1,3 millions d’enfants – seraient exposées à des vagues de chaleur excédant 35°C. Ce chiffre monte à 100 % dans les départements les plus exposés, comme les Bouches-du-Rhône ou Paris. Ces changements ne sont pas sans conséquence sur la santé publique, la productivité des infrastructures éducatives et le bien-être des élèves.
De même, les hôpitaux, les réseaux de transport et les logements sociaux seront directement touchés par ces variations climatiques extrêmes. Selon l’OCDE, d’ici 2050, 5 % des hôpitaux français seront menacés de fermeture à cause de la montée des eaux, tandis que 3 % des écoles primaires et 2,3 % des maisons de retraite seront affectées par les inondations. Ces projections soulignent l’urgence d’investir dans la modernisation des infrastructures et la planification urbaine.
Les territoires et infrastructures touristiques sont également très exposés. Dans les Alpes, la communauté de communes de Matheysine a dû se résoudre à stopper l’activité de la station des ski de l’Alpe du Grand Serre. Touchée par le manque chronique de neige, cette station était devenue durablement déficitaire.
Les grands défis d’adaptation des territoires
Face à ces réalités, les collectivités locales doivent se concentrer sur trois défis majeurs :
- La protection des infrastructures critiques
Les hôpitaux, les écoles et les centres logistiques jouent un rôle essentiel en période de crise. Il est donc primordial de renforcer leur résilience en investissant dans des systèmes de protection contre les inondations, l’amélioration de la ventilation et la végétalisation des bâtiments. En France, plusieurs grandes villes ont déjà commencé à transformer leurs infrastructures publiques en suivant ces principes. - La gestion de l’eau
La question de l’eau est au cœur de l’adaptation territoriale. D’ici 2050, plus de 50 % des départements français connaîtront des restrictions hydriques durant l’été. La mise en place de bassins de rétention, la récupération des eaux de pluie et la restauration des zones humides deviennent des priorités pour les collectivités. - La prévention des risques urbains
Les vagues de chaleur et les inondations urbaines posent des risques de plus en plus importants. La végétalisation, l’implantation d’îlots de fraîcheur et l’adaptation des codes de construction sont des leviers indispensables pour diminuer l’impact des canicules et des crues.
Les solutions concrètes : Rotterdam, un modèle de résilience urbaine
La ville de Rotterdam aux Pays-Bas offre un exemple d’adaptation au changement climatique. Avec son programme « Rotterdam Climate Proof », la ville a mis en place des infrastructures qui répondent aux besoins de protection contre les inondations tout en améliorant la qualité de vie des citoyens.
- Infrastructures vertes et bleues
Rotterdam a investi dans des toits végétalisés, des bassins de rétention, et des « water squares », des places publiques conçues pour se transformer en réservoirs temporaires lors de fortes pluies. Ces infrastructures réduisent le risque d’inondation de 30 % et participent au rafraîchissement urbain, réduisant les températures locales de 2 à 3°C durant les vagues de chaleur. - Stratégies intégrées
La gestion de l’eau est intégrée dans tous les plans de développement urbain. Par exemple, les nouveaux quartiers doivent inclure des zones de rétention d’eau et des espaces verts. Cette approche systémique a permis à la ville de devenir une référence en Europe pour la gestion du risque inondation.
Le cas de Paris : coordonner les acteurs pour anticiper
À Paris, le projet « Resilient City » vise à transformer le quartier d’affaires de la Défense en une zone capable de résister aux inondations de la Seine. Ce projet a été conçu en partenariat avec la Région Île-de-France, des entreprises privées, et des experts en résilience climatique.
- Investissements stratégiques
Un budget de 50 millions d’euros a été mobilisé pour adapter les infrastructures, installer des barrières contre les crues, et renforcer les fondations des immeubles. - Technologies numériques
Des capteurs de surveillance ont été installés pour suivre en temps réel le niveau de la Seine et anticiper les débordements. De plus, des simulations numériques permettent de modéliser les scénarios de crise et d’adapter les réponses en fonction des prévisions météorologiques.
Ces initiatives démontrent que l’adaptation ne peut se faire en vase clos. Il est essentiel d’impliquer tous les acteurs, des gestionnaires de services publics aux entreprises locales, pour assurer la sécurité des citoyens et la continuité des activités économiques.
Méthodes et outils d’adaptation pour les collectivités
À l’instar des entreprises, les collectivités locales ont besoin d’établir un diagnostic de leur exposition au risque climatique.
Côté actions, elles peuvent mobiliser plusieurs types d’approches, dont les Solutions fondées sur la nature (SaFN). La végétalisation des villes, pour les rafraîchir, est un levier désormais bien connu. Débitumer les cours de récréation permet ainsi d’apporter du bien-être aux élèves, tout en lançant des projets pédagogiques autour de l’arbre et de la transition.
Préserver les zones humides permet d’absorber les crues en cas d’inondation, favorise la biodiversité et peut contribuer à climatiser un quartier de la ville. C’est ainsi que La Rochelle a entrepris la restauration du marais de Tasdon, qui vise également à stocker des gaz à effet de serre. À Lyon, la requalification de la rue Garibaldi permet de réduire de 9° la température de l’air lors des fortes chaleur et de récupérer les eaux de pluies dans un bassin dédié.
À retenir : construire la résilience territoriale de demain
L’adaptation au changement climatique est un défi collectif. Pour réussir, les collectivités doivent :
- Renforcer la protection des infrastructures critiques.
- Déployer des Solutions fondées sur la nature.
- Mettre en place des stratégies de gestion de l’eau et des risques urbains.
- Favoriser la coopération public-privé pour mutualiser les ressources.