One Ocean Summit : que s’est-il passé au premier sommet international sur les océans ?

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En février 2022, Brest recevait le One Ocean Summit.
Un sommet organisé à l’initiative de la présidence française du Conseil de l’Union Européenne et en coopération avec les Nations Unies et la Banque Mondiale. Autour de la table, des représentants politiques et de la société civile de 41 États et des dirigeants d’entreprises réunis autour d’un objectif : œuvrer contre la dégradation de l’océan.
Quels sont les points essentiels des engagements qui y ont été pris ?

Justine Pionnier membre de la Communauté Open Lande
Un article rédigé par Justine Pionnier, membre de la Communauté Open Lande

Pourquoi un sommet dédié à l’océan ?

Si les rapports du GIEC ont très peu d’échos dans les médias, la menace du dérèglement climatique sur les écosystèmes marins est tout simplement invisible aux yeux du grand public. Sujet moins traité sur le plan médiatique, échappant en partie à une gouvernance internationale permettant de réglementer ou de réguler son exploitation, l’océan représente pourtant la source majeure de vie sur Terre et est menacé par de nombreuses pressions. 

L’océan est le plus gros puits de carbone de la planète en absorbant environ 30% des émissions mondiales de CO2(1), il produit 50% de notre oxygène, accueille 82% des espèces vivantes(2), est un véritable régulateur du climat en absorbant 93% de la chaleur produite par les activités humaines(3) et représente une source d’alimentation pour l’être humain. 

Ce rôle essentiel à la vie sur Terre est désormais menacé par de nombreuses pressions résultant directement des activités humaines : hausse des températures globales, acidification de l’eau, pollutions diverses (dont 9 millions de tonnes de plastique déversées chaque année), surexploitation des ressources, ou encore perturbation de la biodiversité. Et ces pressions de ne cessent d’augmenter en intensité. 

L’importance de l’océan dans la vie sur Terre et son rôle clé dans la crise écologique ne peuvent être niés, il doit être à l’ordre du jour des rendez-vous politiques nationaux et internationaux.

L’océan est le plus gros puits de carbone de la planète : il absorbe environ 30% des émissions mondiales de CO2

L’océan est le plus gros puits de carbone de la planète : il absorbe environ 30% des émissions mondiales de CO2

Les engagements pris ?

Les participants au sommet se sont engagés sur 4 thématiques principales parmi les enjeux de la préservation des océans. 

1 – La préservation de la biodiversité et des ressources

  • Atteindre 30% des terres et mers du monde classées en aires protégées d’ici 2030.
  • Mettre en place un Traité de la haute mer (45% de la planète ne dépend d’aucune juridiction nationale et ne peut être classé en aire protégée).
  • Lutter contre la pêche illégale, non déclarée ou non réglementée, qui représente 1/5 du volume de prises total, afin de fixer des normes de sécurité pour les navires de pêche, augmenter le contrôle des activités de pêche au débarquement, et renforcer la surveillance dans l’Union Européenne en mobilisant la marine nationale de certains pays.
  • Créer d’ici l’été 2022 une zone maritime particulièrement vulnérable en réduisant la vitesse de navigation pour éviter la collision entre les cétacés et les bateaux.

45% de la planète ne dépend d’aucune juridiction nationale et ne peut être classé en aire protégée.
45% de la planète ne dépend d’aucune juridiction nationale et ne peut être classé en aire protégée.

2 – L’atténuation du changement climatique

  • 22 armateurs se sont engagés dans le label Green Marine Europe pour réduire l’impact du trafic maritime avec des actions concrètes (bruit sous-marin, pollution, perturbation de la biodiversité, rejet, recyclage, gestion de matières résiduelles…)
  • Fournir de l’électricité aux navires en escale pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.
  • Créer une zone à faibles émissions de soufre en Méditerranée d’ici 2025.
  • Rassembler autour d’une coalition internationale pour la compensation carbone bleue créée par la France et la Colombie, afin de financer la valorisation et la restauration d’écosystèmes marins et côtiers qui représentent d’importants puits de carbone (mangroves, prairies sous-marines…)

3 – La lutte contre les pollutions plastiques

  • Augmenter les investissements dans l’initiative Clean Ocean à hauteur de 4 milliards d’euros d’ici 2025 pour financer des projets visant à réduire la pollution plastique en mer (nettoyage des fleuves au centre de la Chine, modernisation d’un service de gestion des déchets solides au Togo…)
  • Réduire la production et l’utilisation de plastique à la source : l’Inde et la France s’associent pour éliminer la pollution des plastiques à usage unique, la Grèce, l’Italie, la Colombie, la Corée du Sud, la Ville de Paris et la Région maritime de Grèce-Centrale ont rejoint les 500 signataires de l’Engagement mondial pour une nouvelle économie des plastiques.

Entre 19 millions et 23 millions de tonnes de plastiques arrivent chaque année dans les eaux de la planète, dont une bonne partie finissent en mer, selon les estimations. Le nombre de microplastiques devrait doubler d’ici à 2050.
Source

4 – La gouvernance des océans

  • Organiser un agenda politique international ambitieux centré sur les océans : Conférence des Nations Unies sur l’Océan à Lisbonne (juin 2022), COP 27 en Egypte (automne 2022), organisation de la prochaine conférence des Nations Unies sur l’Océan (2024).
  • Connaître et comprendre les océans : l’Union Européenne s’engage à la création d’une modélisation numérique des océans au service de la croissance bleue, afin d’éclairer les prises de décisions politiques et de suivre leurs effets.
  • Cartographier 80% des fonds marins (contre 20% actuellement) par l’UNESCO d’ici 2030.

La France, a également ajouté des engagements propres à son territoire : 

  • Nouvelle norme sur les filets de pêche pour éviter la prise de petits cétacés dans le golfe de Gascogne.
  • Traiter les décharges littorales abandonnées dès aujourd’hui et sur les 10 prochaines années.
  • Sortir des emballages plastiques à usages unique d’ici 2040 (loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire).
  • Lancer un programme de recherche scientifique en Antarctique de l’est afin d’étudier les effets du changement climatique sur l’élévation du niveau de la mer.

Des engagements vraiment à la hauteur des enjeux ?

Ce premier sommet d’une telle ampleur internationale et entièrement dédié à la préservation des Océans reste une avancée majeure en faveur de la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité. Cependant, au regard de l’urgence de l’urgence de contenir les effets du réchauffement climatique et de l’empreinte humaine sur les écosystèmes marins, ces engagements restent encore insuffisants, souvent trop vagues, et parfois avec des échéances trop lointaines.

Parmi les sujets mis en discussion, un grand absent demeure : celui de l’extraction minière dans les grands fonds marins. L’exploitation commerciale du plancher océanique constitue un sujet sensible et complexe tant du point de vue de son grand impact sur les habitats que sur le plan géopolitique international.
Ce One Ocean Summit, qui sonne le démarrage d’un agenda politique chargé au niveau international, contribue à mettre l’accent sur un enjeu majeur pour l’avenir de l’humanité, mais avec un résultat mitigé. Il reste à espérer que les prochains sommets et conférences sur ce thème donneront lieu à davantage d’actions concrètes, à la hauteur de l’enjeu auquel l’humanité doit faire face. 

Et comment chacun.e peut agir ?

Se former

  • Fresque Océane : Inspiré de « La fresque du climat », le jeu de la Fresque Océane sensibilise aux enjeux liés à l’océan et aux impacts de nos activités sur cet écosystème. En présentiel ou en ligne, il s’adresse à tous, citoyens, entreprises, collectivités, associations ou écoles et existe sous différents formats.
  • Fresque de l’eau : Cet atelier permet de construire une vision globale du cycle de l’eau, grâce à un jeu de cartes qui est mis en place par les joueurs selon 4 lots : le cycle naturel de l’eau, le cycle anthropique de l’eau (influencé par l’homme) ainsi que les impacts de l’Homme et l’impact du changement climatique sur ces cycles. Un échange permet ensuite de discuter des mesures individuelles et collectives qui peuvent être prises. Une extension composée de trois mini-jeux permettent également de mieux explorer la thématique des usages de l’eau avec les usages industriels, domestiques et agricoles.

S’engager dans une antenne Surfrider

Surfrider Foundation Europe est une association à but non lucratif, chargée de la protection et de la mise en valeur des lacs, des rivières, de l’océan, des vagues et du littoral. Elle regroupe à ce jour plus de 18 000 adhérents et intervient sur 12 pays via ses antennes bénévoles.

Créée en 1990 par un groupe de surfeurs désireux de défendre leur terrain de jeu, Surfrider Europe a dans son ADN la mobilisation citoyenne en faveur de la protection de l’océan et du littoral.

Crédit Photo : Surfider

Sources

  1. Green Peace 
  2. et 3 Blutopia

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